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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/117

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C’était le pilote qui nageait pour rejoindre son embarcation.

— Un fusil !… un fusil !… — m’écriai-je. — J’étais sur que c’était lui…

À ce moment, un second choc du yacht sur les brisants fit tomber le grand mât avec un fracas horrible.

Pendant le moment de stupeur et de silence qui suivit cette chute, j’entendis ces mots en français : Souvenez-vous du mystic de Porquerolles !

C’était le pirate… le yacht était perdu…

La dernière scène de ce terrible drame fut si rapide, si confuse, que c’est à peine si mes souvenirs peuvent la retracer, à travers le chaos d’émotions précipitées, effrayantes, qui se succédèrent comme les éclats de la foudre pendant un orage.

À un troisième et dernier choc, le yacht, soulevé par une immense lame sourde, retomba de tout son poids sur un banc de rochers aigus.

Déjà crevée la cale se défonça presque entièrement, j’entendis dans l’intérieur du navire l’eau qui s’y précipitait en bouillonnant comme dans un gouffre.