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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/206

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taines ambassades que l’on ne donne pas aux célibataires, et puis parce que dans ma position je voulais avoir près de moi un être candide et désintéressé, sur l’esprit duquel je pourrais essayer l’effet de certaines combinaisons… à peu près, sauf la férocité de la comparaison, — ajouta le prince en riant, — comme quelques patriciens de Rome essayaient des poisons sur leurs esclaves. L’expérience m’a prouvé que l’excessive pureté était souvent bien plus difficile à tromper que l’excessive duplicité, car les enfants devinent presque toujours les pièces qu’on leur tend. Aussi lorsque je vois Catherine admettre certains projets, certaines idées assez habilement déguisées, pour que son naturel sensible, délicat et généreux n’en soit pas choqué, je ne crains pas plus tard, en émettant cette idée, d’irriter la susceptibilité de mes chers collègues dont la conscience est généralement fort coriace.

« Peu à peu, — continua le prince, — madame de Fersen prit goût à la politique, car, pour continuer mes expériences, je lui confiai, sous différents aspects, beaucoup de questions que j’avais à résoudre. Mais n’allez pas croire que sa politique fût sèche ou égoïste… non, non, l’amour exalté de l’humanité était le seul