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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/217

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grande pompe, au grand jour, à grand renfort de musique et d’éclat… À Otahiti on y met plus de pudeur, ou du moins plus de mystère. Enfin, après la messe, l’homme emmène sa proie dans sa maison, en lui disant… Viens, ma femme… Eh bien ! madame, si ma prédiction se réalise… celui qui, devant Dieu et devant les hommes, aurait le droit de dire si brutalement à mademoiselle votre fille… Viens, ma femme… lui dira d’une voix douce, timide et suppliante… Venez, ma fiancée.

Madame de Fersen me regarda d’un air étonné.

— Oui, madame, car avant tout… oh ! avant tout, celui-là respectera avec une pieuse adoration, avec une religieuse délicatesse, cette terreur si chastement sublime de la jeune fille, qui des bras de sa mère, qui de son lit virginal, se voit tout à coup jetée dans une maison étrangère… Ces frayeurs profondes et involontaires, ces regrets navrants de sa femme, il les calmera peu à peu par les soins charmants, par les prévenances naïves qui n’effaroucheront pas ce pauvre cœur encore tout dépaysé… Enfin il saura d’abord se faire aimer comme le meilleur des frères… dans l’espoir de l’être un jour comme le plus heureux des amants.