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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/86

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Malheureusement, sans doute, je ne suis pas né pour comprendre les magnifiques exaltations de l’amitié ; car la résolution de Falmouth me sembla si exorbitante, si en dehors de toutes proportions humaines, si au-dessus des preuves que j’avais pu lui donner de mon affection, que je me demandai plusieurs fois si c’était bien à moi qu’il faisait cette offre… et comment j’avais pu mériter qu’il me la fit.

Si ce que j’avais fait pour lui n’était pas digne de ce dévouement de sa part… quel était donc le motif qui l’avait engagé à m’offrir tant… pour si peu ?…

Je ne subis pas sans lutte l’influence de ces malheureuses pensées, car je prévoyais quelque prochain et terrible accès de défiance.

Plusieurs fois je voulus détourner mon esprit de la pente fatale où je le voyais s’engager, mais je me sentais entraîné malgré moi vers les noirs abîmes du doute.

Épouvanté, je fus sur le point d’aller trouver Henry et de le supplier de me sauver de moi-même… de m’expliquer pour ainsi dire tout ce qui me semblait incompréhensible dans son admirable dévouement, de le mettre à la portée de mon esprit, encore peu fait à ces amitiés puissantes et radieuses dont il était si ébloui