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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/87

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qu’il ne pouvait les contempler sans vertige… Mais une fausse, mais une misérable honte me retint ; je vis une faiblesse, une lâcheté, un humiliant aveu d’infériorité dans ce qui eût été de ma part une preuve touchante de confiance et d’abandon.

Malgré moi, je sentis avec terreur qu’il allait en être de mon amitié pour Falmouth comme des autres sentiments que j’avais éprouvés. Cette amitié était à son paroxisme, elle devait délicieusement occuper ma vie, agrandir mon avenir… Il me fallait la briser.

J’éprouvais une sensation étrange ; il me semblait que mon esprit descendait rapidement d’une sphère idéale, peuplée des figures les plus enchanteresses, vers un désert sombre et sans bornes.

Une comparaison physique expliquera cette impression toute morale. Les ailes qui m’avaient quelque temps soutenu dans la région des plus divines croyances me manquant tout à coup, je retombai sur le sol aride et dévasté de l’analyse, au milieu des ruines de mes premières espérances !

Ma foi, jusque-là si sincère et si pure à l’amitié, à la sainte amitié, devait, hélas ! augmenter encore ces tristes débris.