Page:Sue - Kernok le pirate, extrait de Le Roman no 697-706, 1880.djvu/31

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Ses yeux étaient rouges et ardents ; son regard, longtemps fixe, se voila peu à peu ; et succombant à la fatigue et à l’agitation de la veille, ses yeux se fermèrent. Il combattit d’abord le sommeil, puis y céda…

Alors, elle, les yeux humides de larmes, attira doucement la tête de Kernok sur son sein, qui s’élevait et s’abaissait rapidement. Lui, se laissant aller à ce doux balancement, s’endormit tout à fait ; tandis que Mélie, retenant son haleine, et écartant les cheveux noirs qui cachaient le large front de son amant, tantôt y déposait un léger baiser, tantôt passait un doigt effilé sur ses épais sourcils, qui se contractaient convulsivement, même pendant son sommeil.

« Capitaine, nous sommes à pic », dit maître Zéli en entrant.

En vain Mélie lui fit signe de se taire, montrant Kernok endormi : Zéli, ne connaissant que l’ordre qu’il avait reçu, répéta d’une voix plus forte :

« Capitaine, nous sommes à pic !

— Hein !… Qu’y a-t-il ?… Qu’est-ce ?… dit Kernok en se dégageant des bras de la jeune fille.

— L’ancre de bâbord est à pic, répéta Zéli pour la troisième fois, avec une intonation plus élevée encore.