Page:Sue - Kernok le pirate, extrait de Le Roman no 697-706, 1880.djvu/5

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enfant ? Par saint Paul ! ne sais-tu pas que voici l’heure où les chanteuses des nuits vont errer sur la gréve ? »

On n’entendit que le sifflement de la tempête qui redoublait de fureur. — Pen-Ouët ! cria-t-elle encore. Pen-Ouët enfin prêta l’oreille. L’idiot était accroupi auprès d’un monceau d’ossements auxquels il donnait les formes les plus variées et les plus bizarres. Il tourna la tête, se leva d’un air mécontent, comme un enfant qui abandonne ses jeux à regret, et regagna la cabane, non sans emporter une belle tête de cheval aux os blancs et polis, à laquelle il tenait beaucoup, surtout depuis qu’il y avait introduit des cailloux qui résonnaient de la plus agréable manière, quand Pen-Ouët secouait cet instrument de nouvelle espèce.

— Rentre donc, maudit ! s’écria sa mère en le poussant avec tant de violence que sa tête heurta contre le mur ; le sang jaillit. Alors l’idiot se prit à rire aux éclats, d’un rire stupide et convulsif, essuya sa blessure avec ses longs cheveux noirs, et alla se blottir sous le manteau d’une vaste cheminée.

— Ivonne, Ivonne, songe à ton âme, au lieu de