Page:Sue - Kernok le pirate, extrait de Le Roman no 697-706, 1880.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Eh bien ! dit Kernok ! où est donc ma femme, butor ?

— Capitaine… c’est que…

— C’est que quoi ? parleras-tu, chien ?

— Capitaine… elle est dans la cale…

— Je le sais bien. Pourquoi ne monte-t-elle pas, gredin ?

— Ah dame ! capitaine… c’est qu’elle est morte… .

— Morte ! … morte ! dit Kernok en pâlissant ; et, pour la première fois, sa figure exprima la douleur et l’angoisse.

— Oui, capitaine, morte derrière une caisse à eau, tuée par un boulet qui est entré au-dessous de la flottaison ; et ce qu’il y a de drôle, c’est que le corps de madame votre femme a bouché juste le trou que le boulet avait fait ; sans cela l’eau entrait, et le brick était coulé. Madame votre femme a sauvé L’Épervier, tout de même, et il vaut bien mieux ça pour elle que… » Grain-de-Sel, qui avait baissé les yeux au commencement de sa narration, ne pouvant soutenir le regard étincelant de Kernok, se hasarda à lever la tête. Kernok n’était plus là ; il s’était précipité dans la cale, et il regardait, les yeux secs, les bras croisés, les poings convulsivement serré ; car, suivant le rapport