Page:Sue - Kernok le pirate, extrait de Le Roman no 697-706, 1880.djvu/77

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du mousse, la tête et une partie de l’épaule de Mélie, broyées dans le trou du boulet, avaient empêché le projectile d’aller plus loin.

Pauvre Mélie ! sa mort même avait été utile à son Kernok.

Le pirate resta seul environ deux heures, enfermé dans la cale près des restes de Mélie. Là, il usa sa douleur, car lorsqu’il remonta sur le pont, sa figure était impassible et froide. Seulement, un peu avant son retour, un cri douloureux s’était fait entendre, et une masse informe avait disparu au milieu des eaux. C’était le cadavre de Mélie.

Pendant ce temps, maître Durand avait fait porter les blessés sur la corvette anglaise.

« Mais pourquoi ne nous laisse-t-on pas à bord du brick ? demandaient-ils avec instance au bon docteur.

— Mes enfants, je n’en sais rien ; c’est peut-être parce que l’air est meilleur ici, et dans les blessures graves il faut changer d’air, c’est connu.

— Mais, maître Durand, voilà qu’on emporte pour le brick toutes les vergues et les mâts de rechange de la corvette. Comment allons-nous donc naviguer ?

— Peut-être par la vapeur, répondit M. Durand, qui ne pouvait résister au plaisir de faire une plaisanterie.

— Tiens… vous vous en allez, maître Durand, et vous aussi, camarades. Eh bien, et nous ! et nous ! … Maître Durand ! … maître Durand ! » Ainsi