Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/101

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Et ces deux jolis visages, pâlis ensemble, reprirent ensemble leurs fraîches couleurs.

Pendant cette scène, le chien, toujours dressé contre la fenêtre, ne cessait d’aboyer.

— Qu’est-ce que Rabat-Joie a donc à aboyer de ce côté-là, mes enfants ? dit le soldat.

— Nous ne savons pas… on vient de casser des carreaux à la croisée, c’est ce qui avait commencé à nous effrayer si fort.

Sans répondre un mot, Dagobert courut à la fenêtre, l’ouvrit vivement, poussa la persienne et se pencha au dehors…

Et ne vit rien… que la nuit noire…

Il écouta… il n’entendit rien, que les mugissements du vent.

— Rabat-Joie, dit-il à son chien en lui montrant la fenêtre ouverte… saute là, mon vieux, et cherche.

Le brave animal fit un bond énorme et disparut par la croisée, élevée seulement de huit pieds environ au-dessus du sol.

Dagobert, penché, excitait son chien de la voix et du geste.

— Cherche, mon vieux, cherche… S’il y a quelqu’un, saute dessus, tes crocs sont bons… et ne lâche pas avant que je sois descendu.

Rabat-Joie ne trouva personne.

On l’entendait aller, revenir, en cher-