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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/109

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deviner cette énigme ; mais lorsqu’il vit leurs ravissantes figures animées par un sourire franc et ingénu, il réfléchit qu’elles n’auraient pas tant de gaieté si elles avaient de graves reproches à se faire, et il ne pensa plus qu’à se réjouir de voir des orphelines si gaies au milieu de leur position précaire, et dit :

— Riez… riez, mes enfants… j’aime tant à vous voir rire.

Puis, songeant que pourtant ce n’était pas précisément de la sorte qu’il devait répondre au singulier aveu des petites filles, il ajouta d’une grosse voix :

— J’aime à vous voir rire, oui, mais non quand vous recevez des visites blondes avec des yeux bleus, mesdemoiselles ; allons, avouez-moi que je suis fou d’écouter ce que vous me contez là… Vous voulez vous moquer de moi… n’est-ce pas ?

— Non, ce que nous disons est vrai… bien vrai…

— Tu le sais… nous n’avons jamais menti, ajouta Rose.

— Elles ont raison, cependant… elles ne mentent jamais, dit le soldat dont les perplexités recommencèrent. Mais comment diable cette visite est-elle possible ? Je couche dehors en