Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/110

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travers de votre porte, Rabat-Joie couche au pied de votre fenêtre ; or, tous les yeux bleus et tous les cheveux blonds du monde ne peuvent entrer que par la porte ou par la fenêtre, et s’ils avaient essayé, nous deux Rabat-Joie, qui avons l’oreille fine, nous aurions reçu les visites… à notre manière… Mais voyons, enfants, je vous en prie, parlons sans plaisanter… expliquez-vous.

Les deux sœurs, voyant à l’expression des traits de Dagobert qu’il ressentait une inquiétude réelle, ne voulurent pas abuser plus longtemps de sa bonté. Elles échangèrent un regard, et Rose dit en prenant dans ses petites mains la rude et large main du vétéran :

— Allons… ne te tourmente pas ; nous allons te raconter les visites de notre ami… Gabriel.

— Vous recommencez ?… Il a un nom ?

— Certainement il a un nom, nous te le disons… Gabriel

— Quel joli nom ! n’est-ce pas, Dagobert ? Oh ! tu verras, tu l’aimeras comme nous, notre beau Gabriel.

— J’aimerai votre beau Gabriel ! dit le vétéran en hochant la tête, j’aimerai votre beau Gabriel !… c’est selon, car avant il faut que je sache…

Puis, s’interrompant :