Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/156

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— Ton Gabriel est prêtre !… dit Rose en regardant Dagobert.

— Et le nôtre est un ange, ajouta Blanche.

— Ce qui prouve que le vôtre a un grade de plus que le mien ; c’est égal, chacun son goût ; il y a de braves gens partout ; mais j’aime mieux que ce soit Gabriel qui ait choisi la robe noire. Je préfère voir mon garçon, à moi, les bras nus, un marteau à la main et un tablier de cuir autour du corps, ni plus ni moins que votre vieux grand-père, mes enfants, autrement dit le père du maréchal Simon, duc de Ligny ; car, après tout, le général est duc et maréchal par la grâce de l’empereur ; maintenant, terminez votre lecture.

— Hélas ! oui, dit Blanche, il n’y a plus que quelques lignes, et elle reprit :

« Ainsi donc, ma chère et tendre Éva, si ce journal te parvient, tu pourras rassurer Dagobert sur le sort de sa femme et de son fils, qu’il a quittés pour nous. Comment jamais reconnaître un pareil sacrifice ? Mais je suis tranquille, ton bon et généreux cœur aura su le dédommager…

« Adieu… et encore adieu pour aujourd’hui, mon Éva bien-aimée ; pendant un instant je viens d’interrompre ce journal pour aller jusqu’à la tente de Djalma ; il dormait paisible-