Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/159

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mailles, tissu d’acier, souple comme la toile, dure comme le diamant ; recouvrant ensuite ses bras de brassards, ses jambes de jambards, ses pieds de bottines ferrées, et, dissimulant cet attirail défensif sous un large pantalon et sous une ample pelisse soigneusement boutonnée, il avait pris à la main une longue tige de fer chauffée à blanc, emmanchée dans une poignée de bois.

Quoique depuis longtemps domptés par l’adresse et par l’énergie du Prophète, son tigre Caïn, son lion Judas et sa panthère noire la Mort, avaient voulu, dans quelques accès de révolte, essayer sur lui leurs dents et leurs ongles ; mais, grâce à l’armure cachée par sa pelisse, ils avaient émoussé leurs ongles sur un épiderme d’acier, ébréché leurs dents sur des bras et des jambes de fer, tandis qu’un léger coup de la badine métallique de leur maître faisait fumer et grésiller leur peau, en la sillonnant d’une brûlure profonde.

Reconnaissant l’inutilité de leurs morsures, ces animaux, doués d’une grande mémoire, comprirent que désormais ils essayeraient en vain leurs griffes et leurs mâchoires sur un être invulnérable. Leur soumission craintive s’augmenta tellement que, dans ses exercices publics, leur maître, au moindre mouvement