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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/162

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sourd râlement de colère ; puis bientôt, ses yeux rouverts comme malgré elle s’attachèrent invinciblement sur ceux du Prophète.

Alors les oreilles rondes de la Mort se collèrent à son crâne, aplati comme celui d’une vipère ; la peau de son front se rida convulsivement ; elle contracta son mufle hérissé de longues soies, et par deux fois ouvrit silencieusement sa gueule, armée de crocs formidables.

De ce moment, une sorte de rapport magnétique sembla s’établir entre les regards de l’homme et ceux de la bête.

Le Prophète étendit vers la cage sa tige d’acier chauffée à blanc, et dit d’une voix brève et impérieuse :

— La Mort… ici !

La panthère se leva, mais s’écrasa tellement que son ventre et ses coudes rasaient le plancher. Elle avait trois pieds de haut et près de cinq pieds de longueur ; son échine élastique et charnue, ses jarrets aussi descendus, aussi larges que ceux d’un cheval de course, sa poitrine profonde, ses épaules énormes et saillantes, ses pattes nerveuses et trapues, tout annonçait que ce terrible animal joignait la vigueur à la souplesse, la force à l’agilité.

Morok, sa baguette de fer toujours étendue