Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/166

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ches du parquet de sa cage, qu’il était parvenu à soulever, et qu’il broyait entre ses dents pour tromper sa faim.

Pendant quelques instants le plus profond silence régna dans la ménagerie.

Le Prophète, les mains derrière le dos, passait d’une cage à l’autre, observant ses animaux d’un air inquiet et sagace, comme s’il eût hésité à faire parmi eux un choix important et difficile.

De temps à autre il prêtait l’oreille en s’arrêtant devant la grande porte du hangar qui donnait sur la cour de l’auberge.

Cette porte s’ouvrit. Goliath parut ; ses habits ruisselaient d’eau.

— Eh bien !… lui dit le Prophète.

— Ça n’a pas été sans peine… Heureusement la nuit est noire, il fait grand vent et il pleut à verse.

— Aucun soupçon ?

— Aucun, maître, vos renseignements étaient bons ; la porte du cellier s’ouvre sur les champs, juste au-dessous de la fenêtre des fillettes. Quand vous avez sifflé pour me dire qu’il était temps, je suis sorti avec un tréteau que j’avais apporté ; je l’ai appuyé au mur, j’ai monté dessus ; avec mes six pieds, ça m’en faisait neuf, je pouvais m’accouder sur la fenêtre ;