Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/171

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— Soyez tranquille, le loup s’est fait renard, il se fera serpent.

— Ce n’est pas tout.

— Quoi encore ?

— Le toit de ce hangar n’est pas élevé, la lucarne du grenier est d’un abord facile… la nuit est noire… au lieu de rentrer par la porte…

— Je rentrerai par la lucarne.

— Et sans bruit.

— En vrai serpent.

Et le géant sortit.

— Oui ! se dit le Prophète après un assez long silence, ces moyens sont sûrs… Je n’ai pas dû hésiter… Aveugle et obscur instrument… j’ignore le motif des ordres que j’ai reçus ; mais d’après les recommandations qui les accompagnent… mais d’après la position de celui qui me les a transmis, il s’agit, je n’en doute pas, d’intérêts immenses… d’intérêts, reprit-il après un nouveau silence, qui touchent à ce qu’il y a de plus grand… de plus élevé dans le monde ! Mais comment ces deux jeunes filles, presque mendiantes, comment ce misérable soldat, peuvent-ils représenter de tels intérêts ?… Il n’importe, ajouta-t-il avec humilité, je suis le bras qui agit… c’est à la tête qui pense et qui ordonne… de répondre de ses œuvres…