Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/175

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— Sans doute, car depuis quinze ans, jamais je n’avais vu votre mère plus heureuse que le jour où le voyageur la lui a rapportée… « Maintenant le sort de mes enfants sera peut-être aussi beau qu’il a été jusqu’ici misérable, me disait-elle devant l’étranger, avec des larmes de joie dans les yeux : je vais demander au gouverneur de Sibérie la permission d’aller en France avec mes filles… On trouvera peut-être que j’ai été assez punie par quinze années d’exil et par la confiscation de mes biens… Si l’on me refuse… je resterai ; mais on m’accordera au moins d’envoyer mes enfants en France, où vous les conduirez, Dagobert ; vous partirez tout de suite, car il y a déjà malheureusement bien du temps perdu… et si vous n’arriviez pas avant le 13 février prochain, cette cruelle séparation, ce voyage si pénible, auraient été inutiles. »

— Comment un seul jour de retard ?…

— Si nous arrivons le 14 au lieu du 13, il ne serait plus temps, disait votre mère ; elle m’a aussi donné une grosse lettre que je devais mettre à la poste, pour la France, dans la première ville que nous traverserions, c’est ce que j’ai fait.

— Et crois-tu que nous serons à Paris à temps ?