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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/18

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Au nord, ce désert est borné par une côte hérissée de roches noires, gigantesques : au pied de leur entassement titanique, est enchaîné cet océan pétrifié qui a pour vagues immobiles de grandes chaînes de montagnes de glace, dont les cimes bleuâtres disparaissent au loin dans une brume neigeuse…

À l’est, entre les deux pointes du cap Oulikine, confin oriental de la Sibérie, on aperçoit une ligne d’un vert obscur, où se charrient lentement d’énormes glaçons blancs…

C’est le détroit de Behring.

Enfin, au delà du détroit, et le dominant, se dressent les masses granitiques du cap de Galles, pointe extrême de l’Amérique du Nord.

Ces latitudes désolées n’appartiennent plus au monde habitable ; par leur froid terrible, les pierres éclatent, les arbres se fendent, le sol se crevasse en lançant des gerbes de paillettes glacées.

Nul être humain ne semble pouvoir affronter la solitude de ces régions de frimas et de tempêtes, de famine et de mort…

Pourtant… chose étrange, on voit des traces de pas sur la neige qui couvre ces déserts, dernières limites des deux continents, divisés par le canal de Behring…

Du côté de la terre américaine, l’empreinte