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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/189

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la Mort, qui, étendue au fond de sa loge, poussait encore des hurlements plaintifs.

Les spectateurs de cette scène, ignorant que la pelisse du dompteur de bêtes cachât une armure complète, attribuant les cris de la panthère à la crainte, restèrent frappés d’étonnement et d’admiration devant l’intrépidité et le pouvoir presque surnaturel de cet homme.

À quelques pas derrière lui, Goliath se tenait debout, appuyé sur la pique de frêne…

Enfin, non loin de la cage, au milieu d’une mare de sang, était étendu le cadavre de Jovial.

À la vue de ces restes sanglants… déchirés, Dagobert resta immobile, et sa rude figure prit une expression de douleur profonde… Puis, se jetant à genoux, il souleva la tête de Jovial. Et retrouvant ternes, vitreux et à demi fermés ces yeux naguère encore si intelligents et si gais, lorsqu’ils se tournaient vers un maître aimé, le soldat ne put retenir une exclamation déchirante…

Dagobert oubliait sa colère, les suites déplorables de cet accident si fatal aux intérêts des deux jeunes filles, qui ne pouvaient ainsi continuer leur route ; il ne songeait qu’à la mort horrible de ce pauvre vieux cheval, son ancien compagnon de fatigue et de guerre, fidèle ani-