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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/197

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core la pâleur des orphelines ; elles se tenaient à demi embrassées, Rose avait caché sa tête dans le sein de Blanche.

— Elles se seront trouvées mal de frayeur, s’écria Dagobert en courant à sa gourde. Pauvres petites ! après une journée où elles ont eu tant d’émotions, ce n’est pas étonnant !

Et le soldat, imbibant le coin d’un mouchoir de quelques gouttes d’eau-de-vie, se mit à genoux devant le lit, frotta légèrement les tempes des deux sœurs, et passa sous leurs petites narines roses le linge imprégné de spiritueux…

Toujours agenouillé, penchant vers les orphelines sa brune figure inquiète, émue, il attendit quelques secondes avant de renouveler l’emploi du seul moyen de secours qu’il eût en son pouvoir.

Un léger mouvement de Rose donna quelque espoir au soldat ; la jeune fille tourna sa tête sur l’oreiller en soupirant ; puis bientôt elle tressaillit, ouvrit des yeux à la fois étonnés et effrayés ; mais, ne reconnaissant pas d’abord Dagobert, elle s’écria : Ma sœur ! et se jeta entre les bras de Blanche.

Celle-ci commençait à ressentir aussi les effets des soins du soldat. Le cri de Rose la tira complètement de sa léthargie ; partageant de