Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/204

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toutes ses terribles conséquences ; il joignit les mains, tomba à genoux devant le lit des orphelines, y appuya son front, et à travers ses sanglots déchirants, car cet homme de fer sanglotait, on n’entendait que ces mots entrecoupés :

— Pardon… pardon… je ne sais pas… Ah ! quel malheur !… quel malheur ! pardon…

À cette explosion de douleur dont elles ne comprenaient pas la cause, mais qui chez un tel homme était navrante, les deux sœurs interdites entourèrent de leurs bras cette vieille tête grise et s’écrièrent en pleurant :

— Mais regarde-nous donc ! dis-nous ce qui t’afflige… Ce n’est pas nous ?…

Un bruit de pas résonna dans l’escalier.

Au même instant retentirent les aboiements de Rabat-Joie resté en dehors de la porte.

Les grondements du chien devenaient plus furieux ; ils étaient sans doute accompagnés de démonstrations hostiles, car on entendit l’aubergiste s’écrier d’un ton courroucé :

— Dites donc, eh !… appelez donc votre chien… ou parlez-lui, c’est M. le bourgmestre qui monte.

— Dagobert… entends-tu ?… c’est le bourgmestre, dit Rose.