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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/211

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austère figure une expression souriante, avenante et flatteuse.

— Un homme comme vous, ajouta-t-il en redoublant d’aménité, un juge si respectable… n’entend pas que d’une oreille.

— Il ne s’agit pas d’oreilles… mais d’yeux, et quoique les miens me cuisent comme si je les avais frottés avec des orties… j’ai vu la main du dompteur de bêtes horriblement blessée.

— Oui, M. le bourgmestre, c’est bien vrai ; mais songez que s’il avait fermé ses cages et sa porte… tout cela ne serait pas arrivé…

— Pas du tout, c’est votre faute, il fallait solidement attacher votre cheval à sa mangeoire.

— Vous avez raison, M. le bourgmestre ; certainement, vous avez raison, dit le soldat d’une voix de plus en plus affable et conciliante. Ce n’est pas un pauvre diable comme moi qui vous contredira ; cependant, si l’on avait, par méchanceté, détaché mon cheval… pour le faire aller à la ménagerie… vous avouerez, n’est-ce pas ? que ce n’est plus ma faute ; ou du moins, vous l’avouerez si cela vous fait plaisir, se hâta de dire le soldat, je n’ai pas le droit de vous rien commander.

— Et pourquoi, diable ! voulez-vous qu’on vous ait joué ce mauvais tour ?