Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/214

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— Certainement, répondit le bourgmestre, assez bon homme au fond, et partageant involontairement l’émotion de Dagobert. Je comprends maintenant toute la gravité de la perte que vous avez faite, et puis ces orphelines m’intéressent ; quel âge ont-elles ?

— Quinze ans et deux mois… elles sont jumelles…

— Quinze ans et deux mois… à peu près l’âge de ma Frédérique.

— Vous avez une jeune demoiselle de cet âge, reprit Dagobert, renaissant à l’espoir, eh bien ! M. le bourgmestre, franchement, le sort de mes pauvres petites ne m’inquiète plus… Vous nous ferez justice…

— Faire justice… c’est mon devoir ; après tout, dans cette affaire-là, les torts sont à peu près égaux : d’un côté, vous avez mal attaché votre cheval ; de l’autre, le dompteur de bêtes a laissé sa porte ouverte. Il m’a dit cela : J’ai été blessé à la main ; mais vous répondez : Mon cheval a été tué… et pour mille raisons la mort de mon cheval est un dommage irréparable.

— Vous me faites parler mieux que je ne parlerai jamais, M. le bourgmestre, dit le soldat avec un sourire humblement câlin, mais c’est le sens de ce que j’aurais dit, car, ainsi que vous le prétendez vous-même, M. le bourgmestre, ce