Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/218

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pant Dagobert, de quelle somme, de quel âne et de quel autre cheval venez-vous me parler ?… Je vous dis que vous ne deviez rien au Prophète et qu’il ne vous doit rien.

— Il ne me doit rien ?

— Vous avez la tête joliment dure, mon brave homme ; je vous répète que si les animaux du Prophète ont tué votre cheval, le Prophète a été blessé grièvement… Ainsi donc, vous êtes quittes… ou si vous l’aimez mieux, vous ne lui devez aucune indemnité et il ne vous en doit aucune… Comprenez-vous, enfin ?

Dagobert, stupéfait, resta quelques moments sans répondre, en regardant le bourgmestre avec une angoisse profonde ; il voyait de nouveau ses espérances détruites par ce jugement.

— Pourtant, M. le bourgmestre, reprit-il d’une voix altérée, vous être trop juste pour ne pas faire attention à une chose : la blessure du dompteur ne l’empêche pas de continuer son état… et la mort de mon cheval m’empêche de continuer mon voyage ; il faut donc qu’il m’indemnise…

Le juge croyait avoir déjà beaucoup fait pour Dagobert en ne le rendant pas responsable de la blessure du Prophète, car Morok, nous l’avons dit, exerçait une certaine influence sur les catholiques du pays et surtout sur leurs