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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/223

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croix… car enfin, monsieur le bourgmestre, pardon… si je vous dis cela… ce n’est pas par gloriole… mais j’ai été décoré de la main de l’empereur, et un homme qu’il a décoré de sa main, voyez-vous, ne peut pas être un mauvais homme, quoiqu’il ait malheureusement perdu ses papiers… et sa bourse… Car voilà où nous en sommes, et c’est ce qui me rendait si exigeant pour l’indemnité…

— Et comment… et où… avez-vous fait cette perte ?

— Je n’en sais rien, M. le bourgmestre ; je suis sûr, avant-hier à la couchée, d’avoir pris un peu d’argent dans la bourse et d’avoir vu le portefeuille ; hier la monnaie de la pièce changée m’a suffi et je n’ai pas défait mon sac…

— Et hier et aujourd’hui, où votre sac est-il resté ?

— Dans la chambre occupée par les enfants ; mais cette nuit…

Dagobert fut interrompu par les pas de quelqu’un qui montait.

C’était le Prophète.

Caché dans l’ombre au pied de l’escalier, il avait entendu cette conversation, et il redoutait que la faiblesse du bourgmestre ne nuisît à la complète réussite de ses projets, déjà presque entièrement réalisés.