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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/222

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s’en aperçut ; aussi avançant, en tenant toujours les orphelines par la main, il lui dit d’une voix pénétrée :

— Les voilà, ces pauvres petites, M. le bourgmestre, les voilà. Est-ce que je peux vous montrer un meilleur passeport ?

Et, vaincu par tant de sensations pénibles, continues, précipitées, Dagobert sentit malgré lui ses yeux devenir humides.

Quoique naturellement brusque et rendu plus maussade encore par l’interruption de son sommeil, le bourgmestre ne manquait ni de bon sens ni de sensibilité. Il comprit donc qu’un homme ainsi accompagné devait difficilement inspirer de la défiance.

— Pauvres chères enfants !… dit-il en les examinant avec un intérêt croissant, orphelines si jeunes… et elles viennent de bien loin ?…

— Du fond de la Sibérie, M. le bourgmestre, où leur mère était exilée avant leur naissance… Voilà plus de cinq mois que nous voyageons à petites journées… N’est-ce pas déjà assez dur pour des enfants de cet âge ?… C’est pour elles que je vous demande grâce et appui… pour elles que tout accable aujourd’hui, car tout à l’heure, en venant chercher mes papiers… dans mon sac, je n’ai plus retrouvé mon portefeuille, où ils étaient avec ma bourse et ma