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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/228

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tice, l’horreur du mensonge et le respect de notre sainte religion. Enfin… qui vivra… verra… que le Seigneur me pardonne si je me suis trompé ; en tout cas la justice prononcera ; au bout d’un mois ou deux, ils seront libres, s’ils sont innocents.

— C’est pour cela qu’il n’y a pas à hésiter ; c’est une simple mesure de prudence, et ils n’en mourront pas. D’ailleurs, plus j’y songe, plus cela me paraît vraisemblable ; oui, cet homme doit être un espion ou un agitateur français, surtout en rapprochant ces soupçons de cette manifestation des étudiants de Francfort.

— Et dans cette hypothèse, pour monter, pour exalter la tête de ces jeunes fous, il n’est rien de tel que…

Et d’un regard rapide Morok désigna les deux sœurs ; puis, après un instant de silence significatif, il ajouta avec un soupir :

— Pour le démon tout moyen est bon…

— Certainement, ce serait odieux, mais parfaitement imaginé.

— Et puis enfin, M. le bourgmestre, examinez-le attentivement, et vous verrez que cet homme a une figure dangereuse… Voyez…

En parlant ainsi, toujours à voix basse, Morok venait de désigner évidemment Dagobert.