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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/236

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— Mon Dieu ! Dagobert, qu’arrive-t-il ? s’écria Blanche.

— Que veux-tu que nous fassions ? reprit Rose.

Sans répondre, le soldat courut au lit, en retira les draps, les noua rapidement ensemble, fit un gros nœud à l’un des bouts, qu’il plaça sur la partie supérieure du vantail gauche de la fenêtre, préalablement entr’ouvert, et ensuite refermé. Intérieurement retenu par la grosseur du nœud, qui ne pouvait passer entre le vantail et l’encadrement de la croisée, le drap se trouvait ainsi solidement fixé ; son autre extrémité flottant en dehors atteignait le sol ; le second battant de la fenêtre, restant ouvert, laissait aux fugitifs un passage suffisant.

Le vétéran prit alors son sac, la valise des enfants, la pelisse de peau de renne, jeta le tout par la croisée, fit un signe à Rabat-Joie, et l’envoya, pour ainsi dire, garder ces objets.

Le chien n’hésita pas ; d’un bond il disparut.

Rose et Blanche, stupéfaites, regardaient Dagobert sans prononcer une parole.

— Maintenant, mes enfants, leur dit-il, les portes de l’auberge sont fermées… du courage !… Et leur montrant la fenêtre : Il faut passer par là, ou nous sommes arrêtés, mis en prison… vous d’un côté… moi de l’autre, et notre voyage est flambé.