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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/235

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berge était fermée, impossible de sortir de ce côté.

La pluie tombait à torrents ; il vit, à travers les carreaux d’une salle basse, éclairée par la lueur du feu, l’hôte et ses gens, attendant la décision du bourgmestre.

Verrouiller la porte du couloir, et intercepter ainsi toute communication avec la cour, ce fut pour le soldat l’affaire d’une seconde, et il remonta rapidement rejoindre les orphelines.

Morok, revenu à lui, appelait à l’aide de toutes ses forces ; mais lors même que ses cris auraient pu être entendus malgré la distance, le bruit du vent et de la pluie les eût étouffés. Dagobert avait donc environ une heure à lui, car il fallait assez de temps pour que l’on s’étonnât de la longueur de son entretien avec le magistrat, et une fois les soupçons ou les craintes éveillés, il fallait encore briser les deux portes, celle qui fermait le couloir de l’escalier et celle de la chambre où étaient renfermés le bourgmestre et le Prophète.

— Mes enfants, il s’agit de prouver que vous avez du sang de soldat dans les veines, dit Dagobert en entrant brusquement chez les jeunes filles, épouvantées du bruit qu’elles entendaient depuis quelques moments.