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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/238

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— C’est à moi de passer la première, je suis l’aînée aujourd’hui, s’écria Rose après avoir tendrement embrassé Blanche.

Et elle courut vers la fenêtre, voulant, s’il y avait quelque péril à descendre d’abord, s’y exposer à la place de sa sœur.

Dagobert devina facilement la cause de cet empressement.

— Chers enfants, leur dit-il, je vous comprends, mais ne craignez rien l’une pour l’autre, il n’y a aucun danger… j’ai attaché moi-même le drap… allons, vite, ma petite Rose.

Légère comme un oiseau, la jeune fille monta sur l’appui de la fenêtre, puis, bien soutenue par Dagobert, elle saisit le drap, et se laissa glisser doucement d’après les recommandations du soldat, qui, le corps penché en dehors, l’encourageait de la voix.

— Ma sœur… n’aie pas peur…, dit la jeune fille à voix basse, dès qu’elle eut touché le sol, c’est très-facile de descendre comme cela ; Rabat-Joie est là qui me lèche les mains…

Blanche ne se fit pas attendre ; aussi courageuse que sa sœur, elle descendit avec le même bonheur.

— Chères petites créatures, qu’ont-elles fait pour être si malheureuses ?… Mille tonnerres ! il y a donc un sort maudit sur cette famille-là !