Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/256

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Alors, continuer de lui répondre que le pouvoir spirituel n’a rien à démêler avec le pouvoir temporel.

À ce moment le timbre de la porte d’entrée frappa deux coups.

— Voyez ce que c’est, dit le maître de Rodin.

Celui-ci se leva et sortit.

Son maître continua de se promener pensif d’un bout à l’autre de la chambre.

Ses pas l’ayant encore amené auprès de l’énorme sphère, il s’y arrêta.

Pendant quelque temps, il contempla, dans un profond silence, les innombrables petites croix rouges qui semblaient couvrir d’un immense réseau toutes les contrées de la terre.

Songeant sans doute à l’invisible action de son pouvoir, qui paraissait s’étendre sur le monde entier, les traits de cet homme s’animèrent, sa large prunelle grise étincela, ses narines se gonflèrent, sa mâle figure prit une incroyable expression d’énergie, d’audace et de superbe.

Le front altier, la lèvre dédaigneuse, il s’approcha de la sphère et appuya sa vigoureuse main sur le pôle.

À cette puissante étreinte, à ce mouvement impérieux, possessif, on aurait dit que cet homme se croyait sûr de dominer ce globe qu’il