Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/26

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sont des chaînes de fer, des carcans à pointes aiguës, des caveçons à dents de scie, des muselières hérissées de clous, de longues tiges d’acier emmanchées de poignées de bois. Dans un coin, est posé un petit réchaud portatif, semblable à ceux dont se servent les plombiers pour mettre l’étain en fusion ; le charbon y est empilé sur des copeaux secs ; une étincelle suffit pour allumer en une seconde cet ardent brasier.

Non loin de ce fouillis d’instruments sinistres, qui ressemblent à l’attirail d’un bourreau, sont quelques armes appartenant à un âge reculé. Une cotte de mailles, aux anneaux à la fois si flexibles, si fins, si serrés, qu’elle ressemble à un souple tissu d’acier, est étendue sur un coffre, à côté de jambards et de brassards de fer, en bon état, garnis de leurs courroies ; une masse d’armes, deux longues piques triangulaires à hampes de frêne, à la fois solides et légères, sur lesquelles on remarque de récentes taches de sang, complètent cette panoplie, un peu rajeunie par deux carabines tyroliennes armées et amorcées.

À cet arsenal d’armes meurtrières, d’instruments barbares, se trouve étrangement mêlée une collection d’objets très différents : ce sont de petites caisses vitrées, renfermant des rosaires, des chapelets, des médailles, des Agnus