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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/261

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est claire et suffisamment explicative, car vous n’avez pas oublié que la personne à qui elle est destinée ne doit pas tout savoir ?

— Je me le suis rappelé, et c’est dans ce sens que je l’ai rédigée…

— Lisez.

M. Rodin lut ce qui suit, très-posément et très-lentement :

« Il y a cent cinquante ans, une famille française, protestante, s’est expatriée volontairement dans la prévision de la prochaine révocation de l’édit de Nantes et dans le dessein de se soustraire aux rigoureux et justes arrêts déjà rendus contre les réformés, ces ennemis indomptables de notre sainte religion.

« Parmi les membres de cette famille, les uns se sont réfugiés d’abord en Hollande, puis dans les colonies hollandaises, d’autres en Pologne, d’autres en Allemagne, d’autres en Angleterre, d’autres en Amérique.

« On croit savoir qu’il ne reste aujourd’hui que sept descendants de cette famille qui a passé par d’étranges vicissitudes de fortune, puisque ses représentants sont aujourd’hui à peu près placés sur tous les degrés de l’échelle sociale, depuis le souverain jusqu’à l’artisan.

« Ces descendants directs ou indirects sont :