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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/294

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« — Marche !…

« — Une heure… rien qu’une heure de repos !

« — Marche !…

« — Je laisse ceux que j’aime au fond de l’abîme.

« — Marche !… Marche ! »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Pendant que cet homme allait ainsi sur la montagne, absorbé dans ses pensées, la brise du soir jusqu’alors légère avait augmenté, le vent devenait de plus en plus violent, déjà l’éclair sillonnait la nue… déjà de sourds et longs sifflements annonçaient l’approche d’un orage.

Tout à coup, cet homme maudit, qui ne peut plus ni pleurer ni sourire… tressaillit.

Aucune douleur physique ne pouvait l’atteindre… et pourtant il porta vivement la main à son cœur comme s’il eût éprouvé un contre-coup cruel…

— Oh ! s’écria-t-il, je le sens… À cette heure… plusieurs des miens… les descendants de ma sœur bien-aimée souffrent et courent de grands périls… les uns au fond de l’Inde… d’autres en Amérique… d’autres ici, en Allemagne… la lutte recommence, de détestables passions se sont ranimées… Ô toi qui m’en-