Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/295

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tends, toi comme moi errante et maudite, Hérodiade, aide-moi à les protéger… Que ma prière t’arrive au milieu des solitudes de l’Amérique où tu es à cette heure… Puissions-nous arriver à temps !

Alors il se passa une chose extraordinaire.

La nuit était venue.

Cet homme fit un mouvement pour retourner précipitamment sur ses pas… mais une force invisible l’en empêcha et le poussa en sens contraire…

À ce moment la tempête éclata dans toute sa sombre majesté.

Un de ces tourbillons qui déracinent les arbres… qui ébranlent les rochers, passa sur la montagne rapide et tonnant comme la foudre.

Au milieu des mugissements de l’ouragan, à la lueur des éclairs, on vit alors, sur les flancs de la montagne, l’homme au front marqué de noir descendre à grands pas à travers les rochers et les arbres courbés sous les efforts de la tempête.

La marche de cet homme n’était plus lente, ferme et calme… mais péniblement saccadée, comme celle d’un être qu’une puissance irrésistible entraînerait malgré lui… ou qu’un effrayant ouragan emporterait dans son tourbillon.