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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/302

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sonnages se passaient, pour ainsi dire parallèlement et à la même époque… à l’extrémité du monde, au fond de l’Asie, à l’île de Java, non loin de la ville de Batavia, résidence de M. Josué Van Dael, l’un des correspondants de M. Rodin.

Java !… contrée magnifique et sinistre, où les plus admirables fleurs cachent les plus hideux reptiles, où les fruits les plus éclatants renferment des poisons subtils, où croissent des arbres splendides dont l’ombrage tue ; où le vampire, chauve-souris gigantesque, pompe le sang des victimes dont elle prolonge le sommeil en les entourant d’un air frais et parfumé, car l’éventail le plus agile n’est pas plus rapide que le battement des grandes ailes musquées de ce monstre.

Le mois d’octobre 1831 touche à sa fin.

Il est midi, heure presque mortelle pour qui affronte ce soleil torréfiant, qui répand sur le ciel bleu d’émail foncé des nappes de lumière ardente.

Un ajoupa, sorte de pavillon de repos fait de nattes de jonc étendues sur de gros bambous profondément enfoncés dans le sol, s’élève au milieu de l’ombre bleuâtre projetée par un massif d’arbres d’une verdure aussi étincelante que de la porcelaine verte ; ces arbres, de for-