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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/312

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des yeux fixes, ardents, semblait plongé dans l’extase d’une jouissance féroce… ses narines se dilataient, les veines de ses tempes, de son cou se gonflaient, et ce même rictus sinistre, qui avait retroussé ses lèvres à l’aspect de Djalma endormi, montrait ses dents noires et aiguës, qu’un tremblement nerveux des mâchoires heurtait l’une contre l’autre.

Mais bientôt il croisa ses bras sur sa poitrine haletante, courba le front, en murmurant des paroles mystérieuses, ressemblant à une invocation ou à une prière… Et il retomba dans la contemplation farouche que lui inspirait l’aspect du cadavre…

L’hyène et le chat-tigre, qui, avant de la dévorer, s’accroupissent auprès de la proie qu’ils ont surprise ou chassée, n’ont pas un regard plus fauve, plus sanglant, que ne l’était celui de cet homme…

Mais se souvenant que sa tâche n’était pas accomplie, s’arrachant à regret de ce funeste spectacle, il détacha son lacet du cou de la victime, enroula cette corde autour de lui, traîna le cadavre hors du sentier, et, sans chercher à le dépouiller de ses anneaux d’argent, cacha le corps sous une épaisse touffe de joncs.

Puis l’étrangleur, se remettant à ramper sur le ventre et sur les genoux, arriva jusqu’à la