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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/315

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La vie de Djalma était à la merci de l’étrangleur…

Celui-ci, ramassé sur lui-même, appuyé sur ses mains et sur ses genoux, le cou tendu, la prunelle fixe, dilatée, restait immobile comme une bête féroce en arrêt… Un léger tremblement convulsif des mâchoires agitait seul son masque de bronze.

Mais bientôt ses traits hideux révélèrent la lutte violente qui se passait dans son âme, entre la soif… la jouissance du meurtre que le récent assassinat de l’esclave venait encore de surexciter… et l’ordre qu’il avait reçu de ne pas attenter aux jours de Djalma, quoique le motif qui l’amenait dans l’ajoupa fût peut-être pour le jeune Indien plus redoutable que la mort même…

Par deux fois l’étrangleur, dont le regard s’enflammait de férocité, ne s’appuyant plus que sur sa main gauche, porta vivement la droite à l’extrémité de son lacet…

Mais par deux fois, sa main l’abandonna… l’instinct du meurtre céda devant une volonté toute-puissante dont le Malais subissait l’irrésistible empire.

Il fallait que sa rage homicide fût poussée jusqu’à la folie, car dans ces hésitations il perdait un temps précieux ;… d’un moment à