Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/316

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l’autre, Djalma, dont la vigueur, l’adresse et le courage étaient connus et redoutés, pouvait se réveiller… Et quoiqu’il fût sans armes, il eût été pour l’étrangleur un terrible adversaire.

Enfin celui-ci se résigna… il comprima un profond soupir de regret, et se mit en devoir d’accomplir sa tâche…

Cette tâche eût paru impossible à tout autre…

Qu’on en juge…

Djalma, le visage tourné vers la gauche, appuyait sa tête sur son bras plié ; il fallait d’abord, sans le réveiller, le forcer de tourner sa figure vers la droite, c’est-à-dire vers la porte, afin que, dans le cas où il s’éveillerait à demi, son regard ne pût tomber sur l’étrangleur. Celui-ci, pour accomplir ses projets, devait rester plusieurs minutes dans la cabane.

Le ciel se cachait de plus en plus…

La chaleur arrivait à son dernier degré d’intensité ; tout concourait à jeter Djalma dans la torpeur et favorisait les desseins de l’étrangleur… S’agenouillant alors près de Djalma, il commença, du bout de ses doigts souples et frottés d’huile, d’effleurer le front, les tempes et les paupières du jeune Indien, mais avec une si extrême délicatesse, que le contact des deux épidermes était à peine sensible…

Après quelques secondes de cette espèce