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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/341

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froyables entrepôts d’assassinats de toute l’Inde ; que des bandes nombreuses des frères de la bonne œuvre, venant de l’Indoustan et du Dékan, se donnaient annuellement rendez-vous sous ces ombrages, comme à des fêtes solennelles, pour exercer leur effroyable vocation sur toutes les routes qui viennent se croiser dans cette localité, j’aurais pris cet Indien pour un fou qui s’était laissé effrayer par des contes ; et cependant rien n’était plus vrai : des voyageurs, par centaines, étaient enterrés chaque année sous les bosquets de Mundesoor ; toute une tribu d’assassins vivait à ma porte pendant que j’étais magistrat suprême de la province, et étendait ses dévastations jusqu’aux cités de Poonah et d’Hyderabad ; je n’oublierai jamais que, pour me convaincre, l’un des chefs de ces étrangleurs, devenu leur dénonciateur, fit exhumer, de l’emplacement même que couvrait ma tente, treize cadavres, et s’offrit d’en faire sortir du sol tout autour de lui un nombre illimité[1]. »


« Ce peu de mots du colonel Sleeman vous

  1. Ce rapport est extrait de l’excellent ouvrage de M. le comte Édouard de Warren, sur l’Inde anglaise en 1843.