Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/360

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choléra a dévasté Bombay ;… ce voyageur est allé vers le nord… le choléra a dévasté le nord…

Ce disant, l’Indien retomba dans une rêverie profonde.

Le nègre et Faringhea étaient saisis d’un sombre étonnement.

L’Indien disait vrai, quant à la marche mystérieuse (jusqu’ici encore inexpliquée) de cet épouvantable fléau, qui n’a jamais fait, on le sait, que cinq ou six lieues par jour, n’apparaissant jamais simultanément en deux endroits.

Rien de plus étrange, en effet, que de suivre sur les cartes dressées à cette époque l’allure lente, progressive de ce fléau voyageur, qui offre à l’œil étonné tous les caprices, tous les incidents de la marche d’un homme.

Passant ici plutôt que par là… choisissant des provinces dans un pays… des villes dans les provinces… un quartier dans une ville… une rue dans un quartier… une maison dans une rue… ayant même ses lieux de séjour et de repos, puis continuant sa marche lente, mystérieuse, terrible.

Les paroles de l’Indien, en faisant ressortir ces effrayantes bizarreries, devaient donc vivement impressionner le nègre et Faringhea, na-