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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/359

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— C’est vrai, dit le nègre.

— Écoutez encore, reprit l’Indien, « Je m’en vais vers le nord… vers un pays de neige éternelle, » m’avait dit le voyageur… Le choléra… s’en est allé lui aussi vers le nord ;… il a passé par Mascate, Ispahan, Tauris… Tiflis… et a gagné la Sibérie.

— C’est vrai…, dit Faringhea devenu pensif.

— Et le choléra, reprit l’Indien, ne faisait que cinq à six lieues par jour… la marche d’un homme… Il ne paraissait jamais… en deux endroits à la fois ;… mais il s’avançait lentement, également… toujours la marche d’un homme…

À cet étrange rapprochement, les deux compagnons de l’Indien se regardèrent avec stupeur…

Après un silence de quelques minutes, le nègre, effrayé, dit à l’Indien :

— Et tu crois que cet homme… ?

— Je crois que cet homme que nous avons tué, rendu à la vie par quelque divinité infernale… a été chargé par elle de porter sur la terre ce terrible fléau… et de répandre partout sur ses pas la mort… dont il est à l’abri… Souvenez-vous, ajouta l’Indien avec une sombre exaltation, souvenez-vous : … ce terrible voyageur a passé par Java… le choléra a dévasté Java ;… ce voyageur a passé par Bombay : le