Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/37

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Le Prophète tressaillit, et n’acheva pas.

À l’expression de sa figure, à l’accent de sa voix, on devinait de quelle importance était pour lui la nouvelle qu’on lui apportait.

— Au fait, reprit Karl, il faut que ça mérite attention, car ce courrier russe tout galonné qui est venu de Saint-Pétersbourg à Leipzig pour vous trouver… c’était peut-être pour…

Morok interrompit brutalement Karl et reprit :

— Qui t’a dit que l’arrivée de ce courrier ait eu rapport à ces voyageurs ? Tu te trompes, tu ne dois savoir que ce que je te dis…

— À la bonne heure, maître, excusez-moi, et n’en parlons plus… Ah çà, maintenant, je vais quitter mon carnier et aller aider Goliath à donner à manger aux bêtes, car l’heure du souper approche, si elle n’est passée. Est-ce qu’il se négligerait, maître, mon gros géant ?

— Goliath est sorti, il ne doit pas savoir que tu es rentré ; il ne faut pas surtout que le grand vieillard et les jeunes filles te voient ici, cela leur donnerait des soupçons.

— Où voulez-vous donc que j’aille ?

— Tu vas te retirer dans la petite soupente au fond de l’écurie ; là tu attendras mes ordres,