Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/38

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car il est possible que tu partes cette nuit pour Leipzig.

— Comme vous voudrez ; j’ai dans mon carnier quelques provisions de reste, je souperai dans la soupente en me reposant.

— Va…

— Maître, rappelez-vous ce que je vous ai dit, défiez-vous du vieux à moustache grise, je le crois diablement résolu ; je m’y connais, c’est un rude compagnon, défiez-vous…

— Sois tranquille… je me défie toujours, dit Morok.

— Alors donc, bonne chance, maître !

Et Karl, regagnant l’échelle, disparut peu à peu.

Après avoir fait à son serviteur un signe d’adieu amical, le Prophète se promena quelque temps d’un air profondément méditatif ; puis s’approchant de la cassette à double fond qui contenait quelques papiers, il y prit une assez longue lettre qu’il relut plusieurs fois avec une extrême attention.

De temps à autre il se levait pour aller jusqu’au volet fermé qui donnait sur la cour intérieure de l’auberge, et prêtait l’oreille avec anxiété ; car il attendait impatiemment la venue des trois personnes dont on venait de lui annoncer l’approche.