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Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/376

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— Pour parler ainsi des hommes… n’es-tu donc pas un homme ?

— Moi… et ceux qui me ressemblent, nous sommes plus que des hommes… Nous sommes au reste de la race humaine ce que sont les hardis chasseurs aux bêtes féroces qu’ils traquent dans les bois… Veux-tu être comme nous… plus qu’un homme ? veux-tu assouvir sûrement… largement, impunément, la haine qui te dévore le cœur… après le mal que l’on t’a fait ?

— Tes paroles sont de plus en plus obscures… je n’ai pas de haine dans le cœur, dit Djalma. Quand un ennemi est digne de moi… je le combats ;… quand il en est indigne, je le méprise… Ainsi je ne hais ni les braves… ni les lâches.

— Trahison !… s’écria tout à coup le nègre en indiquant la porte d’un geste rapide, car Djalma et l’Indien s’en étaient peu à peu éloignés pendant leur entretien, et ils se trouvaient alors dans un des angles de la cabane.

Au cri du nègre, Faringhea, que Djalma n’avait pas aperçu, écarta brusquement la natte qui le cachait, tira son poignard, bondit comme un tigre, et fut d’un saut hors de la cabane. Voyant alors un cordon de soldats s’avancer avec précaution, il frappa l’un d’eux d’un