Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/375

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— Qui sait ?

— Moi… je le sais…

— Tu te trompes… les Anglais ont tué ton père ;… il était roi… on t’a fait captif… on t’a proscrit… tu ne possèdes plus rien…

À ce souvenir cruel, les traits de Djalma s’assombrirent. Il tressaillit ; un sourire amer contracta ses lèvres.

Le Phansegar continua :

— Ton père était juste, brave… aimé de ses sujets… on l’appelait le Père du généreux, et il était bien nommé… Laisseras-tu sa mort sans vengeance ? la haine qui te ronge le cœur sera-t-elle stérile ?

— Mon père est mort les armes à la main… j’ai vengé sa mort sur les Anglais que j’ai tués à la guerre… Celui qui pour moi a remplacé mon père… et a aussi combattu pour lui, m’a dit qu’il serait maintenant insensé à moi de vouloir lutter contre les Anglais pour reconquérir mon territoire. Quand ils m’ont mis en liberté, j’ai juré de ne jamais remettre les pieds dans l’Inde… et je tiens les serments que je fais…

— Ceux qui t’ont dépouillé, ceux qui t’ont fait captif, ceux qui ont tué ton père… sont des hommes. Il est ailleurs des hommes sur qui tu peux te venger… que ta haine retombe sur eux !