Aller au contenu

Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/388

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La terrible tempête qui se déchaîne au dehors semble rendre plus doux encore l’aspect de ce paisible tableau d’intérieur. Un excellent feu brille dans une grande cheminée de marbre blanc, et jette ses joyeuses clartés sur le parquet soigneusement ciré ; rien de plus gai que l’aspect de la tenture et des rideaux d’ancienne toile perse, à chinoiseries rouges sur fond blanc, et rien de plus riant que les dessus de porte représentant des bergerades dans le goût de Watteau. Une pendule de biscuit de Sèvres, des meubles de bois de rose incrustés de marqueterie verte, meubles pansus et ventrus, contournés et chantournés, complètent l’ameublement de cette chambre.

Au dehors, la tempête continuait de gronder, quelquefois le vent s’engouffrait avec bruit dans la cheminée, ou ébranlait la fermeture des fenêtres. L’homme qui s’occupait de classer les échantillons de grains était M. Dupont, régisseur de la terre du château de Cardoville.

— Sainte Vierge ! mon ami, lui dit sa femme, quel temps affreux ! Ce M. Rodin, dont l’intendant de madame la princesse de Saint-Dizier nous annonce l’arrivée pour ce matin, a bien mal choisi son jour.

— Le fait est que j’ai rarement entendu un ouragan pareil ;… si M. Rodin n’a jamais vu la