Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/412

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vous demande rien autre chose… que de m’écrire en confiance tout ce qui se passera ici dans les moindres détails… À ces deux conditions, inséparables l’une de l’autre, vous restez régisseur… sinon j’aurais la douleur… le regret d’être forcé d’en faire donner un autre à madame de la Sainte-Colombe.

— Monsieur… je vous conjure, dit Dupont avec émotion, soyez généreux sans condition… Moi et ma femme, nous n’avons que cette place pour vivre, et nous sommes trop vieux pour en trouver une autre… ne mettez pas une probité de quarante ans aux prises avec la peur et la misère, qui est si mauvaise conseillère…

— Mon cher M. Dupont, vous êtes un grand enfant, réfléchissez ; dans huit jours vous me rendrez réponse…

— Ah ! monsieur, par pitié !

Cet entretien fut interrompu par un bruit retentissant que répétèrent bientôt les échos des falaises.

— Qu’est-ce que cela ?… dit M. Rodin.

À peine avait-il parlé que le même bruit se répéta avec encore plus de sonorité.

— Le canon !… s’écria Dupont en se levant, c’est le canon, c’est sans doute un navire qui demande du secours, ou qui appelle un pilote.