Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 1-2.djvu/413

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— Mon ami, dit la femme du régisseur en entrant brusquement, de la terrasse on voit en mer un bateau à vapeur et un bâtiment à voiles presque entièrement démâté ;… les vagues les poussent à la côte, le trois-mâts tire le canon de détresse… il est perdu.

— Ah ! c’est terrible !… et de ne pouvoir rien… rien qu’assister à un naufrage ! s’écria le régisseur en prenant son chapeau et se préparant à sortir.

— N’y a-t-il donc aucun secours à donner à ces bâtiments ? demanda M. Rodin.

— Du secours… s’ils sont entraînés sur ces récifs… aucune puissance humaine ne pourra les sauver ; depuis l’équinoxe, deux navires se sont déjà perdus sur cette côte.

— Perdus… corps et biens ? Ah ! c’est affreux, dit M. Rodin.

— Par cette tempête, il reste malheureusement aux passagers peu de chances de salut ; il n’importe, dit le régisseur en s’adressant à sa femme, je cours sur les falaises avec les gens de la ferme essayer de sauver quelques-uns de ces malheureux ; fais faire grand feu dans plusieurs chambres… prépare du linge, des vêtements, des cordiaux… Je n’ose espérer un sauvetage… mais enfin il faut tenter… Venez-vous avec moi, M. Rodin ?